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4 septembre 2011 7 04 /09 /septembre /2011 21:35

 

La manifestation des "indignés" restera en Israël comme l'événement de protestation ayant rassemblé le plus de monde de toute l'histoire du pays.

 

Depuis 8 semaines, sur le boulevard Rothschild de Tel Aviv et dans les principales villes, les tentes sont érigées en signe de protestation contre la vie chère. Autour d'elles, la foule se rassemble en forums de discussions et essaye de synthétiser les propositions qui seront soumises à la Commission Tarjtenberg que le gouvernement a créé pour résoudre la crise sociale.

 

Si la presse nationale et internationale a abondamment couvert ce mouvement, deux questions, souvent sous forme de reproches, semblent constamment revenir, sur lesquelles il est important d'essayer d'apporter les réponses qui conviennent.

 

Pourquoi le mouvement ne réclame pas la démission du gouvernement?

 

Pourquoi les "indignés" ne font pas le lien entre les problèmes sociaux et la situation politico-militaire de l'Etat hébreu?

 

En réponse à la première question, il faut se rappeler que lors des dernières élections, il y a deux ans, Bibi Netanyahou du Likoud, n'était pas arrivé en tête. Tsipi Livni du mouvement de centre droit Kadima, n'ayant pas réussi à former une coalition de gouvernement, c'est donc Benjamin Netanyahou qui, en se liant avec les partis de droite, d'extrême-droite, religieux et du parti travailliste, a réussi à devenir chef du gouvernement.

 

Les "indignés" savent que malgré les tiraillements et disputes internes, le gouvernement est stable et ne tombera pas. Les protestataires ont des revendications concrètes et veulent des réponses rapides et efficaces. Ils font preuve de maturité en interpellant le gouvernement et surtout, ils évitent l'implosion. Ils ne sont pas dupes du fait que parmi les centaines de milliers de gens qui les soutiennent, nombreux sont ceux qui ont voté pour la coalition au pouvoir. Contrairement aux attaques du gouvernement, il ne s'agit pas d'une protestation de"gauchistes" mais celle de tout un peuple, dont les électeurs de Netanyahou, qui exigent de ce dernier de se mettre face à ses responsabilités et de prendre rapidement des décisions. Les protestataires veulent que le gouvernement abandonne la politique ultra-libérale qu'il pratique et mette en place un système interventionniste pour lutter contre la corruption, les ententes des oligarques et l'abandon des subventions aux services publics: éducation, santé, retraite…

 

A la deuxième question, les "indignés" considèrent que pendant des années, les gouvernements de gauche comme de droite, n'ont pas pris en compte leurs revendications sociales et économiques. Israël a pour particularité d'être un des rares pays développés dont les indicateurs économiques sont au beau fixe: dette publique et taux de chômage en baisse, exportation et production des richesses en hausse et une monnaie forte. Dans le même temps, Israël est l’État qui connaît les plus grandes inégalités sociales des pays appartenant à l'OCDE. Israël est confronté aux mêmes maux que toutes les sociétés occidentales: pauvreté des mères célibataires, violences conjugales et sur les enfants,violence scolaire, accroissement des problèmes de drogues et de prostitution, solitude et misère chez les retraités…à cela, viennent s'ajouter le fait que plus de 20% de la population ne mange pas à sa faim, que la classe moyenne se paupérise d'année en année, que le gouvernement a abandonné ses pauvres: les ultra -orthodoxes, les minorités religieuses, les nouveaux émigrants, aux associations caritatives qui, faute de moyens, ne peuvent plus s'en occuper. Les problèmes sécuritaires ont toujours étaient mis en avant, et servi d'excuse confortable pour invoquer le manque d'argent et l'incapacité à résoudre les problèmes de société.

 

 

Malgré les attentats de ces derniers jours et la reprise des tirs de roquettes venant de la bande de Gaza, malgré les regains de tension dans le nord avec le Hezbollah, le danger iranien et les crispations diplomatiques avec la Turquie, le mouvement des "indignés" n'a pas faibli. Là encore, les manifestants ont fait preuve d'une très grande maturité.

 

Pour éviter les divisions et ne pas s'exposer, une fois encore à "l'excuse prête à l'emploi" du gouvernement, ils ont décidé de refuser de lier, même si cela est indéniable, leurs revendications à l'incapacité du gouvernement à retourner à la table des négociations et à régler une bonne fois pour toute la situation des colonies dans les territoires occupés.

 

Le gouvernement Netanyahou jouait la montre et continuera de la jouer, comptant sur la rentrée universitaire, la lassitude des manifestants, la création de l'Etat palestinien ou les grandes fêtes juives qui approchent, pour essayer une fois de plus de reporter aux Calendes grecques les décisions qui s'imposent. Mais cette fois, comme ils l'ont prouvé depuis deux mois, les protestataires du Boulevard Rothschild ne se laisseront pas faire. Ils savent qu'il faut un temps pour tout: celui pour revendiquer la justice sociale et celui pour rappeler au gouvernement qu'elle n'adviendra pas sans l'instauration d'une paix juste et durable dans la région. Nombreuses sont les voix qui commencent à s'élever pour le dire haut et fort.

 

Puissent-elles être entendues au cours de ces prochaines semaines qui s'annoncent si importantes dans cette région du monde.

 

 

Mme Elisabeth Garreault _ Mme Corine Rouffi

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  • Corine  Rouffi, 50 ans, femme politique. Humaniste, engagement social, éducation, action mémoire.
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